« Être en vie c’est pouvoir infléchir le cours inertiel du réel.» Aurélien Barrau
Astrophysicien et philosophe français
Le yoga mêle philosophie et mouvements du corps. Cette pratique passionne des esprits aussi éminents que le psychanalyste Carl Jung ou l’anthropologue Mircea Eliade.
ROZENN HERROUËT : LE SOUFFLE DE VIE RETROUVÉ.
Rozenn Herrouët
Professeure de yoga Saraswati en Bretagne et fondatrice de TURIYA.
Le parcours de Rozenn Herrouët s’enracine dans une question centrale : comment l’art peut-il devenir un chemin vers soi, une voie de guérison et de révélation de soi ?
Nina Simone – Felling good
Le cheminement
Dès son plus jeune âge, Rozenn est une enfant angoissée. Elle peine à trouver sa place, elle se sent étrangère au monde. D’où vient ce mal-être ? Pourquoi se sent-elle si différente des autres ?
«J’ai grandi dans un climat incestuel, obligée de côtoyer mon agresseur presque quotidiennement pendant quatre ans.» Rozenn Herrouët
Traumatisée, la petite Rozenn se retrouve paralysée psychiquement et physiquement. Pour survivre, son corps apprend à s’anesthésier et à se couper de toutes sensations. Muriel Salmona est psychiatre spécialisée dans la prise en charge des victimes de violences, fondatrice et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie et membre de la chaire internationale Mukwege. Dans son article intitulé La mémoire traumatique : violences sexuelles et psycho-trauma, elle explique comment la victime cherche à recréer l’état de dissociation et d’anesthésie vécu lors du traumatisme.
Pour atténuer les souffrances, l’une des réactions spontanées consiste à se couper de la réalité et de vivre en décalage avec sa propre existence.
«Subitement, l’enfant bascule dans une situation où tout lui paraît irréel, extérieur à lui-même, comme s’il était spectateur des événements : il est anesthésié émotionnellement et physiquement, et semble tout supporter.» Muriel Salmona
C’est de cette manière que la jeune Rozenn Herrouët a créé et développé son propre monde. Victime d’anxiété chronique, l’adolescente dévore les livres pour y chercher des repères et des réponses.
« Je trouve dans la poésie et la littérature des descriptions érotiques qui peignent le panel des émotions que l’on pourrait ressentir. Une aide précieuse.» Rozenn Herrouët
rÉvÉlationET SUBLIMATION
La jeune femme vit un combat perpétuel, elle est épuisée de sur ou sous jouer les émotions. Elle marche sans cesse sur un fil rouge et peine à garder l’équilibre car tomber c’est prendre le risque de ne jamais se relever.
À 23 ans, Rozenn vit à Exmouth, dans le Devon, en Angleterre.
Un jour de juin, alors qu’elle se baigne à Sidmouth, un basculement intérieur se produit. Seule, au milieu de cette immensité d’eau, une énergie viscérale la traverse, un amour immense la submerge. Elle vit ce moment comme une communion intime avec les éléments, une sorte d’expansion délicieuse. L’eau est un environnement sensoriel riche qui stimule les sens. Inconsciemment, Rozenn retrouve les sensations intra-utérines, celles ressenties avant de faire face à l’insoutenable.
« Là, sur cette plage, je renoue avec l’évidence : mon corps ressent, vibre avec plus grand que lui. Je suis vivante !»
Pour la première fois, elle se retrouve pleinement dans un corps vibrant, en résonance avec un environnement qui célèbre la vie. Pour la première fois, elle se sent accueillie et trouve sa place dans ce monde. Le lendemain, elle se rend dans une librairie de la ville de Totnes. Elle ouvre par hasard “Autobiographie d’un yogi “de Paramahansa Yogananda. Il décrit le yoga comme une voie de transformation, un chemin vers la connaissance et l’expansion de la conscience.
Elle découvre les mots d’un maître qui parle de transcendance, de reconnexion aux sensations, de compréhension du psychisme, de dépassement des conditionnements et des blessures, pour offrir au monde son expression singulière.
Pour Rozenn, c’est l’évidence même, cette lecture fait écho à l’expérience qu’elle vient de vivre sur cette plage !
Elle reprend le cours de sa vie. Les années passent, elle s’installe en Bretagne et poursuit une carrière de professeur de langue. Rozenn devient maman, elle découvre alors le lien unique qui lie une mère à ses enfants: sain, véritable et indéfectible.
En parallèle, elle essuie une succession d’épreuves qui la dérèglent et la chamboulent profondément. Seulement, l’anesthésie émotionnelle l’oblige à « jouer » des émotions dans les relations avec les autres et parfois même, d’accepter l’inacceptable. Certaines rencontres la percutent car dans ce corps de femme, sommeille la petite fille traumatisée. En 2013, à bout de souffle, elle subit un oedème cérébrale. Elle passe quelques jours dans le coma. Cette intermission s’impose comme un électrochoc, une sorte d’alarme qui retentit.
Les victimes traumatisées doivent absolument éluder cette mémoire traumatique anxiogène. Elle ralentit.
Une stratégie de survie
En 2017, elle pousse la porte de Bija Yoga à Leuhan, une école à la renommée internationale, fondée par Swami Paramatma . Ce yogi enseigne avec Swami Vidya Shakti, le Yoga Saraswati. Il s’agit d’un yoga traditionnel qui s’appuie sur un enseignement ancestral confirmé et développé par les connaissances scientifiques actuelles. Il permet d’assouplir le corps mais surtout, d’éveiller la conscience.
Par Charlène Draoui-Photographe portraitiste en Bretagne
«Avec du recul, je comprends qu’un des symptômes du psycho-trauma est une estime de soi déplorable. Je courais, je courais accentuant le déséquilibre entre système sympathique et parasympathique, Quelle chance j’ai rencontré le yoga !»
Rozenn Herrouët
Rozenn Herrouët – fondatrice de TURIYA
«Certaines pratiques, dont Yoga Nidra et la récitation de mantras, agissaient comme un sublime baume réparateur, d’autres comme Antar Mauna, étaient de véritables tsunamis dévastateurs mais salvateurs ! Le yoga n’est pas un long fleuve tranquille. La pratique nous met face à nos plus grandes angoisses, nos plus grandes peurs.» explique Rozenn.
La guérison d’un traumatisme n’est jamais linéaire. Les souvenirs refoulés reviennent lorsqu’est venu le temps de les affronter. Ils ne sont pas là pour nuire mais plutôt pour aider à comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont, qu’il est temps de travailler avec elles et que l’individu qui leur fait face est suffisamment en sécurité et en mesure de le faire. Le poème de Shankaracharya illustre le chemin de réalisation de soi. Le principe fondamental est de retrouver la pleine conscience, d’être ce « Moi suprême » immuable que nous sommes, au-delà de tous les masques. Il s’agit de ralentir le flux des pensées, de les laisser passer pour, enfin, voir le mental se taire.
Pendant la formation et les méditations, des souvenirs d’attouchements vécus dans l’enfance lui reviennent. L’impact de la mémoire retrouvée de souvenirs refoulés pendant des années est alors ressenti comme un processus écrasant.
Rozenn s’accroche. Les postures (asanas) lui apportent un soulagement immense. Elle retrouve la fluidité du mouvement et une joie profonde. Les exercices de respiration (pranayamas), lui rendent une énergie qu’elle pensait perdue.
«On apprend à descendre dans nos profondeurs, à se familiariser avec ce qui agit sur nous pour apprendre, comprendre et surtout dépasser nos schémas erronés et sclérosants pour accéder à une vision beaucoup plus élargie de la Vie.»
Rozenn Herrouët
Rozenn Herrouët reste à Bija Yoga durant trois années, le temps de commencer à pratiquer quotidiennement et de mesurer l’étendue du travail à accomplir.
En 2018, Rozenn commence à enseignerle yoga Saraswati.
«Cet espace inaltéré et inaltérable brille toujours en moi, comme un joyau, quelque soit les événements vécus. Je suis cela et non ce passé torturé. Je pleure de désespoir et de joie.»
Saraswati vient du sanskrit “saras”qui signifie le flux, le courant de la rivière. Il est incarné par une déesse qui symbolise la pureté du savoir, la création harmonieuse née du silence et de la connaissance intuitive. Durant les séances, Rozenn chante le mantra Om Aim Saraswatyai Namah, une expression claire dédiée à la salutation de la déesse. «Salutations à Saraswati, source de sagesse, d’inspiration et de connaissance.»
Saraswati est aussi une énergie subtile présente en chacun de nous : la voix intérieure qui murmure la vérité avant qu’on la formule.
Rozenn Herrouët photographiée à Etable-Sur-Mer, en Bretagne, par Charlène Draoui.
«En fait si on vit le yoga 24h sur 24h et que l’on est vraiment décidé à se connaître, on peut faire Antar Mauna toute la journée, ça devient une sadhana permanente.» Rozenn Herrouët
Faire chanter les mots justes et danser les pensées claires
En octobre 2023, le jour de son anniversaire, Rozenn Herrouët donne vie à TURIYA. Ce terme sanskrit désigne un état de conscience pure et de béatitude.
« Diffuser la connaissance des pratiques de yoga , c’est comme équiper l’humanité d’une serpe en or pour explorer la vie.»
Rozenn HerrouËt
La création est sacrée lorsqu’elle jaillit de la conscience claire. Rozenn enseigne à chacun la manière d’écouter le silence entre deux souffles. Un espace inattendu de calme et de sagesse s’impose. Chaque posture a une dimension physique extrêmement bénéfique car elles ont été initiées par les yogis en état de méditation. Elles détiennent aussi une dimension psychique: des sensations d’ouverture, de force retrouvée, d’humilité, de lâcher prise… Le pratiquant favorise la circulation d’énergie, indispensable à l’éveil de la conscience. Sans énergie, il n’y a pas de conscience ! Rozenn offre à ses apprenants la possibilité de se réapproprier le corps, de retrouver une mobilité. L’enseignement de cette yogi ouvre une multitude de perspectives, notamment celles d’un éveil de la conscience supérieure, d’un mental allégé, d’un corps plus vigoureux et robuste. L’objectif est de repérer ses archétypes mémorisés et de saisir la pensée contraire, en sanskrit Pratipaksa Bhavanam.
Rozenn est fidèle à l’idée que le yoga offre des outils précieux qui aident à se délester des fardeaux inutiles pour se réserver à l’essentiel.
«Les pratiques de yoga nous donnent une carte et une boussole pour naviguer dans notre intériorité et c’est très pratique pour ne pas se perdre.»
L’enseignante souhaite emmener chacun sur le chemin du yoga car elle le considère comme un outil royal pour descendre dans son intériorité et aussi, un outil formidable de reconstruction. Les temps d’expansion de conscience après les pranayamas sont vécus comme des moments de bien être intense.
« Faire du yoga, c’est célébrer chaque jour, d’être en vie et de pouvoir comme l’hydre d’eau douce, reconstituer sa tête quand on nous la coupe!»
Rozenn HerrouËT
I thrive, we thrive, we all thrive
Rozenn vise à rendre les apprenants autonomes, en leur transmettant des techniques spécifiques de postures, de respirations et de méditation, à intégrer dans leur quotidien. Cette yogi enseigne un art humble et respectueux, qui encourage chacun à vivre sa propre existence et à développer une meilleure connaissance de soi et du monde.
«Le yoga mainstream que l’on trouve partout actuellement est un disneyland -indianisé- qui édulcore les pratiques de yoga et va jusqu’à en perdre son essence même: chercher le sens de la vie !»
Le yoga Saraswati n’est pas fantaisiste. Il est enseigné en restant le plus fidèle possible à la tradition. Rozenn considère les enfants comme de formidables boules d’énergie qui comprennent et ressentent les choses bien souvent plus rapidement que les adultes. Elle s’amuse et se nourrit de leur spontanéité, leur fraîcheur et de leurs questions sans filtre. Selon elle, parler de bien-être physique, d’équilibre psychique et de protection du vivant pour les adultes de demain, n’est pas un luxe mais une nécessité dans le monde dans lequel nous vivons.
«Souvent ce sont les pratiquants qui m’enseignent, par leur état d’être, leur échange à la fin d’un cours, leur sourire rayonnant les yeux fermés, leur silence apaisé, leur énergie retrouvée. Ils décuplent une énergie phénoménale pour m’encourager à ouvrir de nouveaux cours.»
Une nouvelle question se pose : comment pratiquer le yoga malgré les limitations physiques ? Rozenn s’est penchée sur cette problématique, en se lançant le défi d’enseigner cet art aux séniors d’une manière ludique et légère.
«On rit beaucoup chez les seniors . Peut être qu’à partir d’un certain âge on ne se prend plus au sérieux et surtout on comprend qu’on sait de moins en moins.»
Pour que cette discipline puisse être un outil indispensable et à la portée de tous, Rozenn Herrouet tend à introduire le yoga en entreprise et notamment les cours de yoga Nidra.
«Le monde du travail a cruellement besoin d’une pause régénérante au milieu de la frénésie professionnelle.»
Cette méditation allongée induit un état de relaxation profond du corps et du mental. Une pratique qui favorise le sommeil, augmente la vitalité et l’énergie, stimule les fonctions cérébrales et la mémoire.
“C’est avec une confiance inébranlable en l’expérience de la Vie et dans l’intelligence de la Nature, en nous servant de nos ressources personnelles bien plus grandes que celles qu’on imagine, que nous pouvons nous engager dans cette démarche de changement souhaitable et nécessaire pour chacun et pour le monde.»
ROZENN HERROUËT
Rozenn Herrouët est bien plus qu’une professeure de yoga, elle est la représentation vivante de la résilience. Elle a traversé les profondeurs et l’intensité de la douleur. La fragilité humaine est une chose qui lui est familière. Loin de se laisser définir par ses blessures, elle a choisi le chemin de l’amour de soi. Elle a fait de ses failles, une vraie force. Aujourd’hui, elle consacre sa vie à enseigner une discipline qui l’a libérée et aspire aujourd’hui à diffuser la pratique du yoga au plus grand nombre. Elle offre à ses élèves un espace dédié à la connaissance et à la compréhension de soi et du monde. Turiya vise à améliorer la vie des individus mais aussi, la qualité de leurs interactions avec la société et l’environnement.
Citation : “I thrive, we thrive, we all thrive” Coin favori en Bretagne : La plage Bonaparte à Plouha
Le végétal représente une véritable source d’inspiration. Bon nombre de grands joailliers cultivent leur image et nourrissent leur créativité au travers de la sphère botanique.
Chanel a choisi le camélia pour inspiration tandis que la Maison Boucheron présente le lierre comme l’emblème de son Ode à l’Amour. Dans le cadre de la peinture, certains artistes aiment prendre des libertés et laisser parler leur créativité plutôt que de respecter la rigueur toute scientifique de la botanique.
Sophie Graverand – photographe Charlène Draoui
SOPHIE GRAVERAND : PLASTICIENNE, ILLUSTRATRICE ET FORMATRICE EN ART BOTANIQUE
Madame Graverand a choisi -Fleur De Saison- pour accompagner son article
Éveil des sens et de l’imaginaire
Au cœur de la ferme de la Ville Oger, la petite Sophie découvre l’art en participant aux ateliers créatifs. « Dans mon esprit, c’était un univers bonheur qui reliait la nature à l’art. Cette ferme pédagogique était pour moi, un premier ancrage avec les animaux et la nature » confie t-elle. Dans cet environnement vivant, elle dessine, peint et s’autorise à rêver. Elle se souvient de l’odeur des animaux, celle du vieux bois des poutres du grenier et du délicieux parfum des gâteaux au chocolat qui émane de la cuisine. Toutes ces senteurs s’entremêlent et l’enveloppent dans une bulle qu’elle s’approprie comme la sienne.
Après quelques années, les parents de Sophie l’encouragent à persister dans cette voie et l’inscrivent à l’Ecole des Beaux-Arts de Saint-Brieuc. « Alors que nous peignions, nous entendions les musiciens qui jouaient à l’étage supérieur, sans le savoir, ils accompagnaient et rythmaient chacun de nos gestes.»
Le sillage des coeurs fidèles
Il y a des personnes qui marquent à jamais notre existence...
Madame Hochard, enseignante en arts plastiques au collège de la Croix Saint-Lambert, l’accompagne durant son cursus scolaire. « Une professeure exceptionnelle, elle a vu en moi un potentiel que je pressentais mais que je ne conscientisais absolument pas.»
Cette femme encourage Sophie à croire en ses capacités et à explorer sa créativité. Cette considération nourrit la jeune fille qui entrevoit la promesse d’un bel avenir qui, peu à peu se dessine. Une artiste en herbe est en train d’éclore…
Un autre professeur se distingue, Monsieur Yvon Soulabail, peintre et professeur d’Histoire de l’Art au lycée Saint-Charles. Charismatique et engagé, il captive l’attention de ses étudiants. Il occupe l’espace avec assurance et emporte avec lui ses élèves.
« À mes yeux, il était incroyable, exubérant, généreux et aujourd’hui, je réalise qu’il m’a fourni des clefs précieuses.»
Après de longues années d’études, Sophie se tourne vers un courant artistique qui unit son amour pour la nature et son sens du détail : l’illustration botanique. À la croisée de l’art et de la science, cette pratique exigeante lui permet de représenter la flore avec précision, délicatesse et poésie. Elle retranscrit la complexité du végétal dans toute sa splendeur. À l’image de Sarah Anne Drake et Elisa-Honorine Champin, artistes botaniques de renom, Sophie cherche à révéler l’intimité de ces merveilles, dans leurs nuances et leurs ombres.
Atelier de Sophie Graverand – photographie Charlène Draoui
En 2024, Sophie Graverand rend hommage au végétal à travers ses dessins lors de son exposition au Jardin du Conservatoire Botanique National de Brest.
“Qu’il est doux, sous les flots de sa tiède rosée de voir se ranimer la nature embrasée…” Ondine Valmore, Cahiers (Gallica)
Être pédagogue, c’est avoir la volonté d’amener l’autre à soi, Sophie a choisi de transmettre son savoir-faire et de partager sa passion. Engagée et humaine, Sophie accompagne les jeunes en structure d’accueil de jour et en Maison d’Enfance à caractère social. L’art comme thérapie, offre à chaque jeune un espace d’expression et de reconstruction à travers la création.
Sophie Graverand organise aussi des initiations aux techniques du dessin. Des rendez-vous qui se déroulent au coeur du Jardin du Conservatoire National de Brest. Dans cette sphère botanique, Sophie combine modernité et poésie.
Au sein de l’atelier de l’artiste, Sophie Graverand.
Passionnée par les plantes autant que par l’expression artistique, elle crée de véritables expériences sensorielles. Là, la botanique devient langage, et l’art, une respiration. Cette année, l’artiste bretonne propose entre-autres, au public, de découvrir l’univers souple et floral de Margaret Macdonald et de son époux, Charles Rennie Mackintosh, une façon de contempler la nature autrement.
Charles Rennie Mackintosh
« Japonica-Chiddingstone »
Margaret Macdonald
Immersion – Étude – Émerveillement
« Depuis 2013, Le musée National Gustave Moreau, m’a permis d’accoucher de moi-même en tant que pédagogue, Ce lieu me porte. Ce peintre du XIXème, était un grand artiste et un professeur hors pair.»
L’artiste bretonne aborde l’interartistique en combinant la danse, la musique et la peinture, des arts qui s’allient sans perdre leur propre substance. En mars dernier, Suzanne Meyer, chorégraphe, trace dans l’espace une chorégraphie vivante, fluide, presque incantatoire. Autour de la danseuse, les œuvres de Moreau observent en silence, déclenchant un dialogue invisible entre mouvement et matière. Sous les lueurs tamisées du musée, les regards se posent et examinent la notion de “corps en mouvement”.
Suzanne Meyer – photographe Laura Marie Cieplik
Salomé / Gustave Moreau
Sophie guide le groupe à travers une série de jeux graphiques et d’expérimentations autour de la ligne mouvante et expressive, pour capturer l’essence du geste dansé. Un moment de création libre où l’observation du corps en mouvement devient une profonde source d’inspiration.
« C’est la langue de Dieu ! Un jour viendra où l’on comprendra l’éloquence de cet art muet. » Gustave Moreau
Talenvia est un organisme d’orientation scolaire et professionnelle qui propose des services complets et des réponses aux questions des élèves comme des parents dans leur réflexion et leur choix d’études supérieures.
Fine pédagogue, elle s’investit également dans le coaching artistique personnalisé, Sophie se charge de guider et d’accompagner les futurs étudiants aux concours d’entrée des écoles supérieures d’art. « J’aide les élèves à découvrir l’ampleur de leur capacité créative car c’est ce qui mène à la liberté et à la floraison.
En 2020, Sophie Bartczak, éditrice de la maison d’édition Le Lotus et l’Eléphant, lui propose d’illustrer le prochain livre de Agnès Addey (formatrice en olfactothérapie, en aromathérapie et thérapeute psychocorporelle.)
Amoureuse des plantes et fervente utilisatrice d’huiles essentielles, Sophie accepte et se lance dans cette nouvelle aventure. Un projet ambitieux porté par deux femmes galvanisées par une même passion : la nature. Un sentiment d’excitation l’empoigne, le projet a du sens et elle a la volonté de bien faire.
« Vous avez fait de cet ouvrage une merveille vraiment. Toute ma gratitude de l’avoir illustré avec tant de soin et de délicatesse. Les illustrations botaniques sont magnifiques. Et celles des chakras vibrants. On pourrait méditer devant, l’énergie… C’est vraiment un très bel ouvrage. » Agnès Addey
Autrice, illustratrice et fine pédagogue en dessin botanique
Sophie est douée pour transmettre sa passion à travers les mots et les images. En 2022, son livre – Le dessin botanique de A à Z – réunit des photos, des conseils et des astuces pour apprendre à observer et réaliser des esquisses.
Le plus souvent, elle s’appuie sur une ou plusieurs photographies mais parfois, il lui arrive de tendre la main au réel. Au bord d’un chemin, elle cueille des fleurs à la tête penchée, un artichaut aux couleurs passées et sans éclat car à ses yeux, ces végétaux ont une beauté inouïe. « Toutes les plantes méritent qu’on s’y attarde mais j’ai une affection particulière pour les plantes tropicales. » Dans son atelier, elle prend le temps de mettre de la musique, elle s’empare de son carton à dessin et saisit ses aquarelles. Alors qu’elle s’apprête à déposer la première touche de couleur, le masque de la concentration recouvre sa mine rieuse. D’un geste doux, elle écarte une mèche de cheveux qui menace de voiler ce qui se présente à elle. « J’effleure la matière pour mieux saisir ce fragment de vie. » (ses yeux brillent) En elle, une curiosité profonde, quasi instinctive, l’anime : celle de comprendre le vivant comme pour mieux le retranscrire.
Atelier Briochin de Sophie Graverand
La botanique est la science de la beauté, c’est pourquoi, les végétaux et leur majesté ombrageuse la touche d’une manière organique.
Cette artiste, à la fois surprenante et originale dans sa manière d’enseigner, mêle assurance et légèreté. En elle, sommeille un esprit enfantin qui se joue des codes et défie la peur. « L’endroit où j’ai peur, c’est par là que je me dirige et que je fonce ! Il m’est insupportable d’avoir peur, c’est m’enchainer toute seule et me priver de liberté.« Son sourire traduit l’amour qu’elle porte à cet art qui l’élève et l’accompagne depuis sa plus tendre enfance.
En parallèle de ses ateliers, Sophie Graverand continue à explorer et à créer. À travers ses illustrations, elle invite à une contemplation sensible du monde naturel, et partage une vision poétique et profondément respectueuse du vivant.
« La liberté pour moi c’est rayonner, exprimer et partager pleinement qui je suis. » Sophie Graverand
Sophie aime se fixer de nouveaux challenges, après avoir collaboré avec la Maison Swarovski et la cheffe pâtissière Claire Damon, fondatrice Des Gâteaux et du Pain, elle s’investit dans des projets variés et se projette vers de nouvelles et belles collaborations.
Travail d’illustration livre jeunesse en cours…
Cette artiste dépose son âme dans tout ce qu’elle réalise. Sophie Graverand est un oiseau libre et fougueux qui vole si haut qu’il semble impossible de l’apprivoiser. L’art représente la sève vitale qui vivifie sa vie. Cette femme est un phénomène et lorsqu’elle sourit, un soleil s’accroche à son visage…
Photographie Charlène Draoui
Coin favori : Le Pouldu (Clohars-Carnoët) Devise : « Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur mais, que nous soyons puissants au-delà de toutes limites. C’est notre propre lumière qui nous effraie le plus. » M.Williamson
« Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé, elle élève le cœur et calme la souffrance… » Gérard De Nerval
Yolenne Le Guillard, créatrice de « Les Bains de Noléa »
Face2Breton présente Yolenne le guillard, créatrice de « Les Bains de Noléa.
L’essence de Noléa
L’année 2021 marque la naissance d’une petite fille prénommée Adèle. Très tôt, on détecte chez elle, un symptôme méningé qui sera par la suite confirmé. La méningite est une inflammation des tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Éprouvés par l’annonce de cette maladie, les parents de l’enfant la couvrent de tendresse, d’amour et d’affection. Pour la naissance de l’enfant, la mère d’Adèle reçoit un magnifique cadeau : un bain emmailloté. Enveloppée dans un lange, la petite fille se laisse bercer par les doux mouvements de l’eau, elle semble si sereine… Durant le soin, l’hormone du bonheur (l’ocytocine), se libère dans le corps du bébé, lui procurant ainsi un moment de bien-être infini. Au fond d’elle-même, cette mère ressent que cette expérience restera gravée à jamais dans sa mémoire. Non seulement le soin aura été bénéfique pour le bébé mais il aura été aussi pour elle.
La maman dont je vous parle n’est autre que Yolenne Le Guillard.
Le destin prend parfois des chemins de traverse pour nous révéler un désir profond, une passion ou nous révéler à nous-même. Ce moment de vulnérabilité amène Yolenne à l’introspection et l’invite à remettre en question sa carrière professionnelle. Elle en est certaine, elle souhaite apprendre toutes les facettes de l’hydrothérapie pour bébé, mais aussi, d’aller plus loin dans l’accompagnement des jeunes parents et de LA femme.
« Ma vie a pris un sens quand je suis devenue maman, elle en prend désormais un second dans mon métier. »
Yolenne Le Guillard
Noha et Léonie (ses deux premiers enfants) l’ont comblée d’amour et de joie mais il aura fallu l’arrivée de ce troisième petit ange, pour qu’elle réalise, à quoi elle était réellement faite.
Durant toutes ces années, l’instinct de cette femme douce et bienveillante, lui l’avait pourtant murmuré mais elle ne l’avait tout simplement pas conscientisé. “Mon mari m’a énormément soutenue, il m’a accompagnée dans ce changement de vie professionnelle.”
Estime de soi : le socle de l’apprentissage et de la persévérance
Elle souhaite exercer un métier qui a du sens et qui soit en adéquation avec ses envies et ses valeurs. Elle assiste à deux formations -la pratique de soin aquatique en spa pour bébé et le bain enveloppé- misent en place par l’Institut Le bien-être de bébé, créé par Pauline Frattini :
« Apprendre, comprendre, entreprendre, s’envoler » Institut le bien-être de bébé
La petite Adèle est le marchepied Des Bains de Noléa mais ce sont ses trois enfants, NOha, LEonie et Adèle qui en ont donné l’impulsion ! Depuis novembre 2023, Yolenne Le Guillard accueille dans son cabinet situé à Montgermont, les jeunes parents et leurs bébés.
Les Bains de Noléa ont été créé avec Amour pour apporter de l’Amour. Yolenne utilise les vertus de l’eau et le massage pour apaiser bébé et lui permettre d’être accueilli avec douceur dans cet univers qui, sous certains aspects, lui est parfaitement inconnu.
Les Bains de Noléa
Jeunes parents : entre bonheur et vulnérabilité
Yolenne propose un accompagnement basé sur l’écoute et la confiance afin d’alléger la charge mentale des participants.
En début de séance, cette hydrothérapeute privilégie le dialogue pour mieux aborder le soin. Elle revient sur chaque étape de la grossesse (prénatal et postnatal). L’anamnèse peut mettre en évidence un événement traumatique ou des éléments cruciaux. Selon le déroulement de l’accouchement ( déclenché, prématuré, voie naturelle, césarienne…), les conséquences psycho-émotionnelles et somatiques peuvent être nombreuses. “Chaque bébé porte en lui une histoire différente, ce qui implique une prise en charge adaptée.”
Accueillir un bébé entraîne des changements physiques et émotionnels. “Après la naissance d’un enfant, les nouveaux parents se sentent parfois dépassés par les nouvelles responsabilités, les attentes fixées, la routine à adopter, le manque de sommeil…” Yolenne permet aux parents d’apprivoiser ce rôle émergent et de les rassurer quant à leur capacité à devenir un bon parent. “Un lien privilégié et immuable se crée entre nous.” Une naissance implique un changement de vie majeur, un maillage solide composé de professionnels qualifiés, tels que Yolenne Le Guilard, est donc primordial. “Je libère la parole sans porter de jugement.”
Le bébé porte des blessures depuis la vie intra-utérine. Dans l’utérus, sa conscience capte, enregistre et évalue toutes les informations. En l’absence de toute compréhension, le fœtus interprète à sa manière (limitante) l’événement douloureux et en fait une croyance qui se grave dans le marbre de sa vie. “Je suis parfois alertée par des bébés qui manifestent une hypervigilance.” Ces empreintes laissent des marques profondes dans la psyché.
“Tout ce que l’on apporte au bébé fera l’adulte de demain”
Yolenne Le Guillard
L’hydrothérapie ou comment soulager les douleurs de Bébé
Le scénario intra-utérin a généré des trésors tels que les soins consacrés au nouveau-né.
Durant la grossesse, le bébé baigne dans le liquide amniotique qui renvoie à une atmosphère chaude, humide et calme. Grâce à l’emmaillotage, le bébé est bercé par l’eau et cette sphère de bien-être le renvoie irréversiblement à la vie intra-utérine. Yolenne utilise les vertus de l’eau pour bercer et rassurer le nouveau-né, cette pratique vise à soulager naturellement les maux de bébé et à développer le lien d’attachement. Par ailleurs, dans le cadre des bains enveloppés, Yolenne propose des bains issus du lait maternel, une manière d’aller plus loin dans l’approfondissement du lien maman-bébé.
Penchée au-dessus de ces tout petits, elle a l’apparence d’une bonne fée…
Les Bains de Noléa, cabinet d’hydrothérapie à Montgermont.
Yolenne propose toutes sortes de prestations autour du bien-être de bébé et le baby spa en fait partie.
Grâce aux mouvements de l’eau, les douleurs peuvent s’atténuer significativement. Les séances ont une action bénéfique sur le système cardiaque, circulatoire, digestif et respiratoire. Elles participent au renforcement des tissus musculaires et osseux. C’est une aide précieuse pour accompagner bébé à s’épanouir sereinement. Les gestes de l’hydrothérapeute sont accompagnés de musiques, celles-ci ont le pouvoir de moduler les émotions, certaines mélodies peuvent même calmer et soulager. Yolenne le Guillard crée un lien naturel, sincère et profond avec le bébé mais aussi avec les parents.
Au cabinet ou à domicile, Yolenne propose aux parents une initiation au massage bébé.
À des dates gestationnelles différentes, on remarque que le fœtus est équipé d’une organisation neurophysiologique qui le rend apte à percevoir et traiter les informations sensorielles venant de l’environnement. Parmi eux, le toucher est le premier sens qui se développe in-utéro. Les bienfaits du massage pour bébé sont multiples. Dans cette optique de « connexion » avec l’enfant, l’initiation aux massages permet de favoriser la communication, de développer le lien et de prêter davantage attention au langage non-verbal de bébé.
Pour approfondir et enrichir ses connaissances, Yolenne se forme au Yoga pour enfants. En plus de développer leur mobilité et leur coordination, cette pratique ancestrale les aide à maîtriser leurs émotions. Afin de développer de nouvelles compétences, Yolenne s’initie à l’approche Snoezelen Petite Enfance dont l’intérêt est de considérer l’enfant en tant qu’être sensoriel, émotionnel et relationnel. Il s’agit de mettre en place des moments sécurisants qui favorisent le désamorçage des angoisses et des tensions, des outils pour l’éveil des sens et le développement psychomoteur.
La femme
L’accouchement est une étape de vie charnière qu’il ne faut pas négliger. C’est un acte inaugural.
En septembre 2024, Yolenne se forme au soin REBOZO. Il s’agit d’un rituel mexicain qui prend en charge la femme quarante jours après la naissance. Le massage Rebozo offre de nombreux bienfaits d’un point de vue physique, émotionnel mais aussi mental. Il incarne le renouveau, une façon toute particulière de clôturer un chapitre. Après l’accouchement, le rituel Rebozo aide la jeune mère à symboliser la fermeture de son corps. Physiquement, il facilite le resserrage du bassin en soulageant notamment les ligaments beaucoup sollicités pendant la grossesse et l’accouchement. Il permet aux différents organes de retrouver leur place initiale.
Au Coeur de la parole et de l’action
Yolenne Le Guillard est membre de l’association l’ExtrApol’in.
Fondée en 2021 après la naissance de Apolline (porteuse de Trisomie 21), cette association soutient les enfants en situation de handicap intellectuel et leurs aidants. Présidée par Emilie Geoffroy, cette organisation est spécialisée dans le domaine social, humanitaire et caritatif. L’entraide, le handicap et le soutien aux proches de malades sont au cœur de ses préoccupations.
Yolenne a par ailleurs pour projet, d’intégrer un pôle parents/aidants centré sur la pratique de l’hydrothérapie pour bébé au sein de l’association. Forte de son histoire, cette femme de coeur est aussi une femme d’action. Yolenne a rejoint la belle famille des intervenants du handicap qui agissent pour favoriser l’intégration, l’accompagnement et le bien-être des personnes en situation de handicap. Au Centre d’Action Médico-Sociale Précoce à Rennes, elle encadre régulièrement une jeune fille porteuse d’un handicap.
Le handicap est un sujet qui la touche au plus profond d’elle-même : “Je souhaite suivre une formation plus spécifique dans le domaine de l’handicap, dans la prise en charge en hydrothérapie et en massage. J’ai à cœur d’approfondir mes connaissances dans ce domaine.”
Yolenne Le Guillard est une femme exceptionnelle, elle a le coeur sur la main. De sa grâce sereine, elle adoucit les cœurs et semble avoir le pouvoir de dompter les craintes.
Devise : Rêver sans limite, vivre avec passion ! Coin favori : Le Golf du Morbihan
Exprimant tour à tour la légèreté et la puissance, l’art de la métallurgie fascine par sa complexité.
Comme une enfant, elle sourit, comme une enfant, elle parle de cette passion qui l’anime.
Face2Breton présente Anouchka Potdevin, artiste métallière et designer. Cette artiste a choisi “La Ritournelle” de Sébastien Tellier pour accompagner son portrait.
Déconstruire en faveur du beau.
Depuis son plus jeune âge, elle observe, démonte et décortique les choses. Grâce au maniement des objets, les mouvements de sa pensée prennent forme et matérialité. “J’ai toujours considéré l’objet pour l’envisager sous un autre angle et voir ce qui peut émerger de cela. »
Alors qu’elle occupe les bancs de la Fac, elle songe au photojournalisme. Elle pratique la photographie argentique. Saisir le vrai, la recherche de l’instant, créer des images avec la lumière…
Noël Copin (auteur), Raymond Depardon (illustrateur), Reporters sans frontières (éditeur)
La jeune femme clôt finalement ce chapitre. Elle se laisse emporter par la fougue qui caractérise les impétueux. Intuitive et résolument passionnée, Anouchka écoute ce que lui dicte le cœur. “Mon parcours a suivi mes envies.”
Elle veut se consacrer à une activité manuelle qui, à l’instar de Bresson, place sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. Dans la culture du travail manuel, la transmission occupe une place importante et privilégiée. Anouchka a ce goût pour l’expérimentation et la volonté de se former, elle décide alors de suivre un apprentissage au sein de l’atelier Crézé, un acteur important dans la création d’ouvrages d’art métallique et dans la restauration du patrimoine bâti.
Chasing & Repoussé. Methods Ancient and Modern By Nancy Megan Corwin
Intelligence émotionnelle
« Faire, c’est penser » Richard Sennett
La flamme crépite et illumine le visage de la jeune femme, la connexion du travail cérébral et du travail manuel est sans conteste, l’esprit et la main opèrent à l’unisson.
“Je voyais cette matière se déformer sous l’effet de la chaleur, c’était magique !”
Anouchka Potdevin
Ce métier manuel est une combinaison sacrée de technique et de réflexion, d’abstrait et de concret, parfois même bien plus captivante d’un point de vue intellectuel.
Elle intègre ensuite, l’École d’Art Pivaut qui propose des formations artistiques d’excellence en dessin, arts appliqués et métiers créatifs.
Trois ans plus tard, le temps est venu de se lancer. La matinée, elle endosse la casquette d’hôtesse d’accueil dans une clinique Nantaise pour asseoir une sécurité financière et l’après-midi, elle se consacre à ce qui la fait réellement vibrer. Elle réalise des plans et fabrique des meubles dans son appartement. Il est vain de séparer les mains et la tête, ce qu’elle crée doit avoir du sens ! L’intellect, les gestes techniques et artistiques sont étroitement entrelacés. Ses créations prennent la forme d’un design poétique; rares sont ceux qui parviennent à combiner technicité et poésie mais Anouchka parvient à réenchanter cet art.
Elle révèle son univers au Salon Maison et Objet à Paris. La thématique “Couplicité” permet aux objets de briller autant par leur style que par leur fonction.
Un bouillonnement tumultueux s’affaire et s’articule autour des œuvres de l’artiste bretonne. Le Maxi Siège est retenu dans les tendances par Nelly Rodi. L’Oréal se l’approprie pour l’une de ses publicités. En septembre 2011, la première Paris Design Week ambitionne de focaliser l’attention sur la capitale française, aux avant-postes de la création, elle pose son dévolu sur ce design intemporel et met un coup de projecteur sur Le Maxi Siège de Anouchka Potdevin.
L’oEuvre SIGNATURE
Anouchka se distingue par sa capacité à insuffler de l’émotion dans chaque pièce, tout en mettant l’accent sur la fonctionnalité et l’innovation. Elle façonne le métal dans le but de créer des pièces uniques. “J’explore les possibilités infinies du métal dans mes créations, ce matériau m’inspire et me passionne.” En 2013, elle présente au salon de la maison et de l’objet : La Cage Dorée. À suspendre à hauteur d’assise, cette œuvre est une ode à la légèreté et à l’élégance. Elle affirme son identité artistique et déploie ses ailes. La presse internationale s’affole autour de ce design éthéré et flottant.
Il y a des personnes qui marquent nos vies, même si cela ne dure qu’un instant. Anouchka évoque une anecdote qui a la saveur de l’aube. Pascale Mussard, descendante à la sixième génération de Thierry Hermès, ancienne directrice artistique de la ligne d’objets uniques “Petit h”, directrice de la villa Noailles et membre du comité artistique de la biennale de Vallauris, contacte personnellement Anouchka. Cet appel (dont l’objet est de saluer la créativité de l’artiste) est reçu comme une bouffée d’air pur.
Selon Anouchka, l’enseignement se trouve là : quand tu fais les choses avec le cœur, tu ne peux pas te tromper ! L’intelligence émotionnelle réside dans la capacité à comprendre, extraire et insuffler de l’émotion dans chacun des projets que l’on entreprend.
CONSÉCRATION
Depuis l’Eau de Cologne Impériale imaginée en 1853 pour l’Impératrice Eugénie, la Maison Guerlain répond à cette quête de singularité et d’exception et cultive l’art du sur mesure avec passion.
En 2021, à l’occasion du lancement de “L’Art et la Matière” qui célèbre le parfum “Sur-Mesure”, Guerlain fait appel à deux artistes pour concevoir un décor de vitrine : Maryse Dugois, artiste du papier de soi et Anouchka Potdevin, artiste métallière. Deux mondes d’apparence paradoxale s’unissent. L’artiste bretonne élabore des branches en acier à la finition chromée or qui épousent voluptueusement les éventails en papier de soi. “J’ai adoré travailler pour cette maison de luxe et j’aimerais beaucoup collaborer de nouveau avec elle.” (sourire)
Fière de ses origines bretonnes, cette artiste s’investit sans réserve dans l’élaboration de programmes régionaux ambitieux, tel que le projet immobilier « AIR » qui, en collaboration avec Bati Armor, allie design et architecture.
L’atelier des bords de Rance
Un lieu inspirant
Implanté à quelques kilomètres de la Vallée de la Rance, l’atelier de Anouchka Potdevin est dédié au monde de l’art. “Cet endroit offre un éventail de perceptions vraiment différentes qui m’inspirent énormément.” À chaque processus créatif la musique l’accompagne.
“Quand je rentre dans une phase où je dois travailler en cadence, j’ai un type de musique qui m’accompagne, j’ai tendance à résonner avec les musiques aux sonorités profondes.”
Anouchka Potdevin
Cette femme porte en elle l’intelligence des grands artistes, elle voit la beauté dans ce qui semble le plus commun, ses mains ont le pouvoir de métamorphoser le banal en objet extraordinaire. Cet atelier (où cohabitent marteaux, meule, disques de polissage…) détient des trésors insoupçonnés. Dans un coin, on distingue un exemplaire de la Chaise Blush, de l’autre, un prototype de laCage Dorée, ces créations emblématiques sont si belles, que l’on ose à peine y poser les yeux. Alors que Anouchka décrit son travail, il est intéressant d’observer la manière dont elle occupe l’espace (analyser ses gestes, “écouter” ses mains.)
L’art immatériel de la lumière
Une quête
En exposant son travail, elle révèle une partie d’elle-même comme si elle transmutait sa propre lumière intérieure.
Elle cherche à briser le côté statique en considérant “l’Espace-Lumière”. La Cage Dorée, L’Indiscrète ainsi que La Méridienne Corbeille illustrent parfaitement cette notion. “Ce que je fais, ce sont des rayons, la lumière, je la place dans ce que je crée.”
L’ensemble de son travail s’articule autour de l’exploration de la lumière.
“La lumière me ravie, elle révèle les choses.”
Anouchka Potdevin
Les œuvres envoûtantes et poétiques de Anouchka Potdevin s’installent dans le monde entier. Des ouvrages d’exception qui témoignent de son savoir-faire et de son goût pour l’excellence. En tant que référence dans l’art de la métallurgie, notre bretonne rayonne et participe à l’influence et l’expansion de l’art français à l’international.
Devise dans la vie : tout est relatif ! Coin favori en Bretagne : La Vallée de la Rance
Le corps et l’esprit interagissent de manière puissante.
Il est impossible de nier l’influence réciproque et permanente du corps sur l’esprit.
Angéline Brard
Face2Breton présente Angéline Brard, experte en dermographie à Rennes.
Angéline a choisi « Never stop dreaming » de DJ Pippi & Kenneth Bager pour accompagner son portrait.
aesthetica
Angéline commence sa carrière en tant que esthéticienne à New-York et en Australie.
Notre experte découvre des pays qui influencent et modifient le regard qu’elle porte sur l’univers de la beauté, elle réalise qu’en dehors des frontières, les technologies à visée esthétique mutent rapidement proposant des solutions de plus en plus innovantes.
Elle prend conscience que les attentes esthétiques sont façonnées par une multitude de facteurs, allant des influences culturelles aux avancées technologiques.
Voyager à travers le monde est un outil de transformation de nos perceptions.
Formatrice internationale cosmétique pour une marque iconique française, Angéline est amenée à beaucoup voyager. Elle découvre en Asie la dermopigmentation (maquillage permanent), une technique d’embellissement non invasive, consistant à introduire des pigments sous la peau.
Attachée au noyau familial, la distance qui l’éloigne de ses proches commence à se faire ressentir. Soucieuse de s’investir pleinement dans son rôle d’épouse et de mère, Angéline choisit de s’établir à Rennes.
En 2011, notre experte aborde un tournant crucial dans sa carrière. Ces moments de vie appelés « carrefour de vie » ont une saveur toute particulière puisqu’ils ouvrent le champ des possibles.
Alors qu’elle est en pleine réflexion, l’oncle d’Angéline, conscient de ses qualifications et de ses aptitudes, l’encourage : Angéline, tu as un métier, lance-toi !
Enthousiaste et passionnée, elle crée son propre institut de beauté : ONAE.
On y trouve des prestations classiques mais aussi des soins et des technologies esthétiques de pointe. Ces dernières sont alors peu connues en France. Cet institut de beauté se distingue et brille au sein de la capitale bretonne.
» La connaissance s’acquiert perpétuellement, le savoir-faire se parfait. » AB
Elle se forme aux côtés des plus grands, comme le Docteur Jean paul Tiziano, Chirurgien esthétique de renommée internationale et fondateur des laboratoires BIOTIC, leader en dermopigmentation réparatrice et corrective.
Engager une nouvelle trajectoire en faveur d’un mode de vie différent.
En 2024, Angéline crée l’Institut De La Dermographie situé rue Papu, à Rennes. Un lieu intimiste à la décoration soignée. Des lumières tamisées, une musique d’ambiance et un doux parfum nous y accueillent, une sphère de délicatesse absolue qui éveille les sens.
LA DERMOGRAPHIE : l’art d’écrire sur la peau.
Dans un monde où la beauté et l’innovation se rencontrent, la dermopigmentation se révèle être une révolution pour les professionnels de l’esthétique, de la santé et de la coiffure.
Également appelée micropigmentation ou dermopigmentation, cette technique consiste à introduire des pigments sous la peau.
La dermographie est une excellente solution pour gommer un défaut avéré, qui gêne bien souvent la vie sociale et affective.
Ce cabinet est un espace élégant, réservé à une clientèle à la recherche d’une expérience de beauté haut de gamme. Il s’agit d’une expertise technique mais aussi artistique.
Angéline considère une demande comme un nouveau défi à relever :
“ L’écoute est primordiale dans ce métier, il faut prendre le temps d’échanger afin de cerner au mieux les attentes. À chaque fois, je donne le meilleur de moi-même pour que le client reparte satisfait.”
Dans ce nouvel institut, Angéline propose également le maquillage permanent, le détatouage, le rehaussement de cils…
Il s’agit d’une approche personnalisée.
Figure de proue de la dermopigmentation en Bretagne, les résultats sont édifiants.
Chaque acte de dermopigmentation fait l’objet d’une écoute attentive des besoins et d’une analyse minutieuse de la morphologie afin de définir une approche personnalisée et progressive, réalisée dans les règles de l’art par des mains expertes. L’objectif est d’obtenir un résultat extrêmement (hyper) réaliste, à la hauteur des attentes et parfaitement adapté aux caractéristiques physiques. Minutieuse et perfectionniste, Angéline a un sens aigu de l’artistique puisque depuis son enfance, le dessin occupe une part toute particulière dans sa vie.
Depuis qu’elle s’est formée en tricopigmentation auprès de l’expert Samuel Troonen en Belgique, elle pratique la micropigmentation capillaire pour redonner de la densité visuelle aux cheveux (calvitie, d’alopécie, de pelade…). Ces pertes cutanées engendrent des problèmes d’ordre esthétique et parfois, un profond impact psychologique, provoquant anxiété et altérant l’estime de soi. Cette méthode brevetée consiste à implanter des points de pigments bio-résorbables sur la partie concernée.
L’institut de la dermographie correctrice et réparatrice.
Cette méthode correctrice est en capacitéde dissimuler et régénérer les cicatrices apparues post-opération (ou à des lésions accidentelles) et les vergetures. Cette technologie esthétique fait figure de thérapie car elle permet de corriger un complexe en évinçant les stigmates d’un corps meurtri.
Par ailleurs, c’est un véritable levier de guérison psychologique et de réhabilitation après l’épreuve éprouvante du cancer du sein. Il est désormais possible de reconstruire visuellement une aréole mammaire manquante suite à une mastectomie (au moyen de la technique de dessin en 3D.)
Ces innovations apparaissent alors comme le point d’orgue dans le travail d’acceptation et de réconciliation de soi, elles vont bien au-delà de l’esthétisme, elles abordent un tournant invisible à l’œil nu, celui de la libération émotionnelle.
L’Institut De La Dermographie est né d’une volonté de faire plaisir. Empathique, Angéline s’est investie d’une mission : donner le meilleur d’elle-même.
Les réalisations de cette artiste vont bien au delà de ses fonctions de dermographe, elle restaure dans le conscient, une identité que certains patients pensaient disparue.
Face2Breton vous présente Jeanne Bocquenet-Carle, autrice de romans fantastiques.
Jeanne a choisi “In the Mood for Love” (interprété par Shigeru Umebayashi) pour accompagner son portrait.
Petite, Jeanne est élevée dans le respect et la pratique des traditions bretonnes, elle parle couramment le breton et elle dévore les livres de la bibliothèque familiale. Une chose commune aux membres de la famille : l’amour qu’ils portent à la littérature.
Après une carrière dans l’audiovisuel à Paris, Jeanne souhaite retrouver sa Bretagne natale. Inspirée par ce patrimoine culturel, elle commence à écrire “le château des Ducs” avec la volonté de partager cette œuvre littéraire. En 2009, les Éditions Anne Carrière produisent ce qui sera le premier tome : Les insoumis. Jeanne met en valeur la culture celtique et confère à certains de ses romans un caractère mystique.
C’est là toute la finesse de cette écrivaine, transporter le lecteur en mêlant romans historiques, fantastiques et policiers.Les lieux évoqués sont bien réels (Menez Hom, Ouessant, Brest…) et permettent aux lecteurs de se projeter dans une dimension post-apocalyptique. Aussi, lorsque nous nous penchons sur ses écrits, malgré l’épaisseur temporelle, on se rend compte qu’elle néglige aucun détail. Ses romans sont originaux, l’intrigue nous captive et nous transporte dans un flux haletant. La plume de Jeanne est poétique et apporte à ses récits un souffle de légèreté et une dimension enchantée.
Nous sommes allées à la rencontre de cette écrivaine lors de la soirée de lancement de son dernier roman “Que tombent les étoiles” organisée par les Archives Dormantes. Cette autrice est une femme attachante, elle nous parle avec tendresse de ces personnages sortis tout droit de son imaginaire et de cette Bretagne à laquelle elle est très attachée et qui est omniprésente dans ses romans.
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